Dans une déclaration empreinte de solennité, le président Alassane Ouattara a annoncé, lors de son allocution du 31 décembre, la restitution imminente de la base militaire française d’Abidjan à l’armée ivoirienne. Ce passage de témoin s’inscrit dans une stratégie de réorganisation des forces militaires françaises sur le continent africain.
Une armée ivoirienne renforcée et modernisée
« Mes chers compatriotes, chers frères, chères sœurs, nous pouvons être fiers de notre armée dont la modernisation est désormais effective », a affirmé Alassane Ouattara. Ce geste symbolique, qui marque la rétrocession du camp du 43ᵉ Bataillon d’infanterie de marine (BIMA) à Port-Bouët, vient couronner les efforts de restructuration et de renforcement des capacités des forces armées ivoiriennes.
Pour rendre hommage à une figure emblématique, le chef de l’État a annoncé : « J’ai décidé de baptiser ce camp du nom du général Ouattara Thomas d’Aquin, militaire au parcours exceptionnel et tout premier chef d’état-major de l’armée ivoirienne. » Ce nom résonnera désormais comme un témoignage de fierté nationale et de résilience.
Un partenariat revisité avec la France
Alors que la France et la Côte d’Ivoire entretiennent des relations stratégiques dans la lutte contre les menaces sécuritaires, notamment le jihadisme au Sahel et dans le golfe de Guinée, cette évolution marque un changement de paradigme.
Les troupes françaises, autrefois en nombre significatif sur le sol ivoirien, verront leurs effectifs réduits à une centaine de membres. Selon des sources proches du dossier, cette transformation vise à privilégier une logique de collaboration axée sur la formation et l’accompagnement.
Une démarche amorcée dès septembre dernier avec la cession du camp de Lomo-Nord, situé près de Yamoussoukro. Le ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, avait d’ailleurs évoqué cette transition comme une étape majeure pour permettre à l’armée ivoirienne de pleinement occuper les lieux. « Les experts travaillent d’arrache-pied à assurer une occupation optimale par cinq bataillons », confiait-il dans une interview à Jeune Afrique.
Une vision tournée vers l’avenir
Outre les questions militaires, Alassane Ouattara a réservé une part de son discours à l’enjeu politique majeur de la prochaine élection présidentielle. Avec l’assurance d’un chef d’État en pleine maîtrise, il a déclaré : « Les élections seront apaisées, transparentes et démocratiques. »
Loin des éclats et des promesses tapageuses, le président ivoirien a préféré se concentrer sur les avancées réalisées depuis 2011, évoquant un avenir radieux pour le pays avec une prévision de croissance économique atteignant 7 % en 2025.
Ce transfert de la base de Port-Bouët illustre un tournant stratégique pour la Côte d’Ivoire. La nation prend à bras-le-corps son destin militaire, tout en consolidant ses alliances. Sous la bannière d’une coopération renouvelée, Abidjan trace son chemin avec détermination, fier de ses racines et ambitieux pour son futur.
Constantin GONNANG avec RFI pour Afrik Inform ☑️