Cameroun| Garoua-Ngaoundéré : Atanga Nji fait le trajet et fustige la dégradation

Le ministre de l’Administration territoriale a exprimé son exaspération face à la dégradation avancée de la route Garoua-Ngaoundéré. Une sortie qui intervient sept mois après celle de Martin Mbarga Nguele sur l’axe routier du Sud-Ouest, et qui accentue davantage la pression sur l’équipe du ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi.

« Je ferai le trajet au volant de ma voiture, comme ça le rapport que je vais envoyer au président sera basé sur les faits vécus ». La formule est tranchante. Le ton, déterminé. En pleine mission dans le Nord, Paul Atanga Nji n’a pas mâché ses mots. En visite à Garoua le 8 mai 2025, le ministre de l’Administration territoriale s’est publiquement insurgé contre la lenteur de la réhabilitation de la Nationale n°1, notamment sur le tronçon Garoua–Ngaoundéré.

L’axe est pourtant vital pour le désenclavement du septentrion. Et malgré les hautes prescriptions du chef de l’État en fin d’année 2024, les travaux n’ont toujours pas démarré. Un immobilisme qui exaspère le MINAT. « En 2000, j’ai fait ce trajet en 2 h 20 minutes. En 2025, je le fais en 7 heures », a-t-il martelé à la presse, après avoir volontairement parcouru le trajet au volant de son propre véhicule, une manœuvre rare pour un membre du gouvernement. « Pendant toutes les discussions, les populations ont exprimé leur désarroi », a-t-il ajouté, accusant implicitement le ministère des Travaux publics de non-exécution des directives présidentielles.

Une sortie qui ravive la polémique déclenchée par Martin Mbarga Nguele

Cette prise de position d’Atanga Nji est du déjà vu dans l’appareil gouvernementale. On se souvient de la sortie tout aussi virulente de Martin Mbarga Nguele, le délégué général à la Sûreté nationale. En déplacement dans le Sud-Ouest en octobre 2024, celui-ci avait publiquement dénoncé l’état catastrophique des routes dans la région, qu’il avait qualifiées d’« impraticables », y compris pour les forces de sécurité censées y maintenir l’ordre.

« Si les routes dans une zone sensible comme le Sud-Ouest sont laissées dans un tel état, comment voulez-vous que les populations se sentent en sécurité ? » avait-il déclaré face aux autorités locales et aux chefs traditionnels réunis pour l’occasion. Lui aussi s’appuyait sur un constat personnel, après avoir effectué une tournée dans la région.

Dans son propos, Mbarga Nguele semblait déjà adresser un avertissement au ministère des Travaux publics, dont les lenteurs dans l’entretien du réseau routier alimentent le malaise croissant. Cette réaction du DGSN avait suscité une réaction immédiate du Mintp qui avait attribué la situation à des « contraintes budgétaires, notamment un manque de financement pour les projets de réhabilitation » .

Emmanuel Nganou Djoumessi de plus en plus interpellé

Au cœur de cette double indignation, un même ministère cristallise les critiques : celui des Travaux publics. Le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi, dont les nombreuses apparitions sur les chantiers ne suffisent plus à convaincre, se retrouve pris en étau entre les prescriptions du président de la République et les frustrations exprimées désormais publiquement par ses pairs du gouvernement.

L’absence visible d’avancement sur des axes jugés stratégiques, tels que Garoua-Ngaoundéré ou les routes du Sud-Ouest, fait peser une pression nouvelle sur son département. Pour les observateurs, la parole libérée de hauts responsables comme Atanga Nji et Mbarga Nguele traduit une forme de rupture de confiance interne sur l’un des dossiers les plus sensibles du moment : celui de la mobilité et de l’intégration nationale.

Un malaise qui interpelle au sommet

À mesure que les membres du gouvernement eux-mêmes prennent la parole pour dénoncer l’inaction dans le domaine routier, une exigence de redevabilité se dessine. Ces voix qui s’élèvent ne sont pas anodines. Elles traduisent un changement de ton, peut-être même de méthode, dans un contexte où le président Paul Biya, à la fin de l’année 2024, avait prescrit avec insistance la réhabilitation des axes majeurs.

Dans les semaines à venir, l’on pourrait assister à une réorganisation des priorités, voire à une accélération des chantiers. Car si même les ministres doivent désormais prendre le volant pour constater eux-mêmes l’ampleur du désastre, il devient urgent, pour les institutions concernées, de livrer enfin les résultats attendus.

Joseph S pour Afrik inform ☑️

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