L’émission 2025 RDV, animée par Rodrigue Tongue, a reçu en troisième position Valère Bessala, après Cabral Libii. Le leader du mouvement Jouvance, qui a récemment officialisé sa candidature à la présidentielle de 2025 dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, est venu dérouler sa vision pour un Cameroun radicalement transformé. Une vision fondée selon lui sur « la discipline, la rigueur morale, l’austérité sociale, et une profonde restructuration du citoyen camerounais » .
En finir avec les héritages du passé
Le ton de Valère Bessala est d’abord apaisé lorsqu’il évoque les responsabilités du passé. Il ne souhaite pas s’enfermer dans une logique de règlement de comptes, préférant se projeter dans une dynamique de reconstruction. « Ce que nos aînés ont eu à faire de mal, on les laisse à la conscience avec nos ancêtres. Pour ceux qui croient en Dieu, la conscience avec Dieu », confie-t-il. Le temps n’est plus, selon lui, aux dénonciations mais aux solutions : « Notre objectif est de proposer au peuple camerounais un programme et un projet qui nous permettent de corriger».
2011-2025 : 14 années perdues
Le candidat situe sa démarche dans un cadre temporel précis : celui du long cheminement vers l’émergence prévu à l’horizon 2035. Pour Valère Bessala, cette échéance est encore tenable, mais exige une cadence infernale. « Vous savez qu’il nous reste dix années pour 2035. Donc, on est supposé être émergent dans 10 ans. Mais nous savons qu’aujourd’hui nous sommes dans un marasme et une stagnation que tout le monde peut voir».
En filigrane, c’est l’échec du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) lancé en 2011 qu’il pointe du doigt.Avec précision, il segmente les périodes : « 2011-2018, c’était les grandes réalisations. Et puis on est dans les grandes opportunités… »
Mais pour lui, ces formules sont restées sans impact tangible. « Le projet que nous proposons, c’est justement de rattraper d’abord les 14 années que nous avons perdues, c’est-à-dire de 2011 à 2025». Et pour y parvenir, l’effort devra être surhumain : « Il faudra absolument que nous fassions des bouchées doubles comme on a perdu 14 années».
« Rééduquer » le Camerounais
Mais cette volonté de rattrapage ne pourra aboutir sans une transformation profonde de l’individu camerounais lui-même. Valère Bessala ne mâche pas ses mots : « Il faudra d’abord formater le Camerounais». L’image, empruntée au lexique de l’informatique, en dit long sur son intention de réinitialiser mentalement un peuple qu’il juge « perverti par des décennies d’anarchie » : « Le Camerounais qui a été éduqué au désordre, à l’indiscipline… il faut aligner tout le monde ». Pour atteindre ce résultat, il assume la nécessité de fermeté : « Il y aura un peu de dictature».

Cette phrase, choc, est à la fois revendiquée comme un mal nécessaire et justifiée par l’ambition de remettre le pays sur les rails. Car ce qu’il propose va bien au-delà d’un simple changement de gouvernance : « Ce que nous proposons, c’est un programme de discipline, d’austérité sociale. C’est une vision d’austérité sociale, économique et politique ».
École, armée, spécialisation dès le primaire
La réforme de l’éducation est le cœur de cette vision de rigueur. Et Bessala veut l’aborder dès les fondations. Pour lui, le système éducatif doit cesser de produire des diplômés sans orientation. Il veut trancher : « Les enfants vont se spécialiser dès la fin de l’école primaire, à partir de la 6e. On formera le médecin à partir de la 6e. Il y aura les écoles de médecine dès la 6e».
Quant aux futurs bacheliers, ils devront passer par une étape intermédiaire : « Pour vous qui n’avez pas encore le Bac, si ça commence l’année prochaine, après votre année de Bac, vous allez passer une année de formation militaire avant de recommencer l’école et de rentrer dans la spécialisation». a t’il déclaré.
Appel à un « vote générationnel »
Son message s’adresse particulièrement aux jeunes, à qui il accorde une place centrale dans sa stratégie électorale. Il les appelle à une prise de conscience historique : « Aux jeunes, je dis, le seul vote que vous devez faire en 2025, c’est le vote de votre génération».
Position tranchée sur les questions de société
Sur les questions de mœurs, Valère Bessala se positionne clairement dans une ligne conservatrice. Il rejette toute idée d’acceptation des identités sexuelles minoritaires : « On doit interdire cette histoire de LGBT ici au Cameroun », affirme-t-il, sans nuance. Une posture qui, dans le contexte camerounais, risque de lui valoir autant de soutien que de critiques.
Sur la polygamie, son approche est plus inclusive : « Nous serons d’accord avec la polygamie pour tout le monde», Une manière, peut-être, de redéfinir les contours de la légitimité familiale dans un pays où les pratiques coutumières cohabitent difficilement avec les normes modernes.
Tribalisme, infrastructure, sécurité : une grille de priorité
Interrogé sur le tribalisme, souvent présenté comme un frein à l’unité nationale, Bessala balaie cette idée d’un revers : « Le tribalisme n’est pas un problème au Cameroun, le Camerounais n’est pas tribaliste». Il préfère concentrer son attention sur ce qu’il appelle ses « 5 grands chantiers » : la restructuration, l’infrastructure, l’administration, l’éducation et la sécurité. C’est dans cette matrice qu’il projette son action présidentielle.
Afrik inform ☑️