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Durant douze ans, le pape François a porté, souvent seul, le fardeau d’une Église ébranlée par les scandales et sa mort laisse ouverte la question d’une réforme plus ou moins inachevée.
Lorsqu’en mars 2013, Jorge Mario Bergoglio devient le premier pape jésuite, le Vatican est déjà sur une ligne de faille. La démission surprise de Benoît XVI, miné par les divisions internes et les affaires de pédophilie, a laissé place à une attente forte : celle d’un renouveau moral.
François arrive avec une image simple, un ton accessible, une volonté d’assainissement. Mais très vite, la réalité des crises le rattrape.
La pédophilie, un combat frontal mais inachevé
Le scandale des abus sexuels est sans doute le plus ravageur. Si Benoît XVI avait timidement entamé le chantier, François en fait une priorité visible. Il rencontre des victimes, s’excuse publiquement, impose de nouvelles règles aux évêques, crée une commission spéciale pour la protection des mineurs. Mais le chemin est semé d’embûches.« La douleur des victimes est un cri que l’Église ne peut ignorer », affirme-t-il lors d’un discours à Rome en 2018, au plus fort des révélations sur les abus couverts par certains prélats.
Ses décisions sont parfois jugées trop lentes, trop prudentes. Son soutien initial au cardinal chilien Barros, accusé d’avoir couvert des abus, lui vaut une vague d’indignation. Il finit par s’excuser, reconnaît ses erreurs et fait tomber des têtes. Mais le mal est profond.
En 2021, il réforme en profondeur le droit canon pour mieux juger ces crimes, mais certains estiment que la transparence reste insuffisante.
Le Vatican, ses finances et ses fantômes
Autre dossier brûlant : la gestion opaque des finances du Vatican. Dès son arrivée, François lance un audit de la banque du Saint-Siège (IOR), chasse les acteurs corrompus, confie à des laïcs des rôles de contrôle budgétaire.
Il crée un Secrétariat à l’Économie et place le cardinal australien George Pell à sa tête.Mais le système résiste. Pell lui-même est accusé, jugé, puis innocenté. D’autres affaires, comme celle de l’achat controversé d’un immeuble londonien par le Vatican, ternissent l’image d’une Curie en réforme. François pousse l’enquête jusqu’au bout. Il fait juger des cardinaux pour détournement de fonds — du jamais vu.
Une Curie divisée, un pape isolé
À l’intérieur même de l’Église, les résistances sont vives. Les réformes de François, sa ligne sociale, son ouverture aux périphéries, sa parole directe agacent certains cercles conservateurs. Il avance néanmoins : réforme du Synode, limitation du luxe chez les évêques, ouverture d’un dialogue sur les femmes et les divorcés remariés.
Il est contesté, mais continue. Solitaire parfois, prophétique souvent. « Le vrai pouvoir, c’est le service », répète-t-il, même lorsque le poids de la bureaucratie l’empêche d’aller plus vite. François n’a pas éteint tous les incendies. Certains le lui reprochent. Mais il aura été le premier pape à affronter ces crises sans les contourner.
À 88 ans, il s’éteint sans avoir tout résolu, mais avec la conscience d’avoir tenté. Pour beaucoup, il aura été un pape réparateur, blessé par les blessures d’une Église en mutation. La question désormais : son successeur poursuivra-t-il ce nettoyage douloureux ou cédera-t-il aux sirènes du statu quo ?.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️
