Quand un pape meurt, les regards du monde entier se tournent vers la basilique Saint-Pierre, les cérémonies solennelles, les fidèles éplorés, et bientôt, les cardinaux réunis pour élire un nouveau souverain pontife. Mais dans l’ombre des dorures vaticanes, un homme prend les commandes. Son nom : le Camerlingue. Sa mission : maintenir l’Église debout entre deux règnes, dans l’un des moments les plus délicats de la vie catholique.
Un rôle ancien, aux rouages modernes
Le titre officiel est Camerlingue de la Sainte Église romaine. Ce poste remonte au Moyen Âge, mais son importance n’a jamais faibli, c’est le cardinal américain Kevin Farrell qui occupe cette fonction. En l’absence de chef de l’Église, il devient le gestionnaire en chef du Vatican, veillant à la continuité administrative et à la préparation du conclave.
Mais le Camerlingue n’est pas un régent, ni un pape intérimaire. Il n’a aucun pouvoir spirituel sur l’Église. En revanche, il supervise des missions aussi techniques que symboliques : il confirme officiellement le décès du pape, scelle ses appartements, désactive l’anneau du pêcheur (symbole de l’autorité pontificale) et prend le contrôle de la Chambre apostolique, qui gère les affaires économiques et logistiques du Vatican.
Le garant d’une transition sans dérive
Le temps entre la mort d’un pape et l’élection de son successeur s’appelle la « vacance du siège apostolique ». Durant cette période, aucune décision majeure ne peut être prise au sein du Saint-Siège. Le Camerlingue veille à ce que rien ne soit modifié : pas de nominations, pas de publications importantes, pas de prise de parole doctrinale.
Il devient le gardien de la neutralité, pour que le conclave ne soit influencé ni par des manœuvres internes, ni par des décisions précipitées.C’est aussi lui qui veille aux détails pratiques du conclave, en lien étroit avec le doyen du Collège des cardinaux. Il organise la logistique de l’arrivée des cardinaux électeurs, supervise la chapelle Sixtine, la résidence de Sainte-Marthe, et s’assure que toutes les mesures de secret soient respectées.
Un homme discret, à la tâche cruciale
Né le 2 septembre 1947 à Dublin en Irlande, Kevin Joseph Farrell est un ancien membre de la congrégation des Légionnaires du Christ, qu’il quitte en 1984. Ordonné prêtre en 1978 à Rome, il rejoint ensuite le diocèse de Washington où il occupera plusieurs fonctions administratives importantes, notamment comme vicaire général.
Il devient évêque auxiliaire de Washington en 2002, avant d’être nommé évêque de Dallas en 2007 par Benoît XVI.Sous le pontificat du pape François, Kevin Farrell accède à une notoriété nouvelle. En 2016, il est appelé à Rome pour prendre la tête du tout nouveau Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, signe de la volonté du pape argentin d’impliquer davantage les fidèles non ordonnés dans la gouvernance de l’Église.
Il sera créé cardinal la même année.En 2019, il est nommé Camerlingue par le pape François, un poste-clé qu’il occupe désormais dans un contexte historique. Apprécié pour sa diplomatie, sa rigueur administrative et sa proximité avec les milieux laïcs, Kevin Farrell est aujourd’hui au cœur de la transition vaticane.
Son parcours international et sa sensibilité pastorale le placent comme un acteur incontournable de cette période d’incertitude.C’est dans ce rôle de sentinelle silencieuse, entre protocole, prière et stratégie, que réside toute la noblesse de sa charge. Un rôle que peu connaissent, mais dont dépend en réalité la stabilité de l’Église universelle.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️