Les gouvernements du Niger, du Burkina Faso et du Mali franchissent une étape décisive dans leur lutte contre les groupes jihadistes. Une force conjointe de 5 000 soldats a été créé, marquant une nouvelle ère dans la coopération sécuritaire sahélienne.
Les trois pays sahéliens, unis sous la bannière de l’Alliance des États du Sahel (AES), entendent mutualiser leurs moyens pour répondre efficacement aux attaques des groupes armés liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, qui sévissent depuis plus de dix ans dans la région.
Le général Salifou Mody, ministre nigérien de la Défense, a annoncé la mise en place imminente de cette « force unifiée », déjà en phase finale de préparation.« Cette force, composée de 5 000 hommes, sera dotée de capacités aériennes, terrestres et de renseignement. Tout est coordonné pour qu’elle soit pleinement opérationnelle dans les semaines à venir. », a précisé le général Mody lors d’une intervention télévisée.
Une union stratégique sur un territoire vaste et hostile
L’AES couvre une zone géographique colossale de 2,8 millions de kilomètres carrés, soit l’équivalent de quatre fois la France. Ces trois États, enclavés et exposés aux violences récurrentes, ont décidé de faire front commun dans un contexte sécuritaire critique.« Nous partageons un espace, des défis et une menace commune : celle des groupes criminels et jihadistes », a souligné le général Mody. « Mutualiser nos efforts est une nécessité vitale. Cela apporte non seulement de la nouveauté, mais aussi un sentiment de sécurité à nos populations.» ajoute t’il .
Une rupture avec le passé et des alliances revisitées
Cette initiative intervient alors que le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont décidé de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), organisation régionale qu’ils jugent inefficace face à leurs défis. Ce départ sera officiel le 29 janvier, une année après leur annonce.
Les dirigeants de l’AES dénoncent par ailleurs la proximité de la Cédéao avec la France, qu’ils accusent d’interférer dans leurs affaires intérieures. Ces pays tournent désormais leurs regards vers de nouveaux partenaires stratégiques, notamment la Russie, pour diversifier leurs alliances et renforcer leur souveraineté.
Une réponse coordonnée dans la zone des « trois frontières »
Des opérations conjointes avaient déjà été menées dans la région des « trois frontières », point névralgique où les violences jihadistes sont les plus fréquentes. Toutefois, la mise en place d’une armée unifiée marque une montée en puissance de la coopération militaire entre ces trois États.
Dans un contexte où le Sahel est souvent décrit comme un « arc de crise », cette initiative ambitieuse pourrait bien redéfinir les équilibres régionaux et inspirer d’autres pays confrontés à des défis sécuritaires similaires. Reste à voir si cette union saura répondre aux attentes des populations et transformer un terrain miné par la violence en une terre d’espoir.
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️