Au Cameroun, entre 2008 et 2024, les fautes de gestion commises au sein de l’administration publique ont coûté cher à l’État. Selon le Conseil de discipline budgétaire et financière (CDBF), ce sont 145,1 milliards de FCFA qui ont été perdus au détriment du Trésor public.
Le chiffre a été rendu public ce lundi à Yaoundé, à l’occasion du lancement officiel des activités 2025 du CDBF, instance placée sous la tutelle du ministère chargé du Contrôle supérieur de l’État (Consupe).
Plus d’un millier de fautes recensées
Durant cette période de 16 ans, le CDBF a examiné 137 dossiers, impliquant 340 agents publics pour un total de 1 058 fautes de gestion découlant de 347 irrégularités présumées. L’organe de contrôle a toutefois déclaré son incompétence pour 78 griefs jugés hors de son champ d’action.
« Pour toutes les sanctions prononcées, le montant total des amendes spéciales infligées aux personnes mises en cause est de 246 millions de FCFA, et celui du débet, représentant le préjudice réel subi par la puissance publique, retenu à la charge de certains contrevenants, s’élève à 145,1 milliards de FCFA », indique le CDBF.
En conséquence, le Trésor public, via le ministère des Finances, est désormais chargé de recouvrer 145,4 milliards de FCFA au profit de l’État et des entités publiques.
Des profils de haut rang dans le viseur
Les principaux concernés par ces irrégularités sont des ordonnateurs, gestionnaires ou contrôleurs de crédits publics. Les chiffres montrent que les directeurs généraux, maires et autres responsables exécutifs concentrent la majorité des fautes relevées. « Les directeurs généraux, les directeurs, les maires sont responsables de plus de la moitié des fautes de gestion sanctionnées par le CDBF depuis 2008 », fait savoir le Consupe.
À eux seuls, les directeurs généraux d’entreprises publiques totalisent 321 fautes pour un montant de 74,3 milliards de FCFA. Les administrateurs provisoires sont responsables de 31,4 milliards, tandis que les mandataires patents ou de fait cumulent 12 milliards de FCFA.
D’autres acteurs apparaissent également dans les rapports : « Maires : 625 millions de FCFA, Sous-directeurs : 5 milliards, Recteurs d’université : 2 milliards,Autres profils variés : 8 milliards ».
Un arsenal répressif peu dissuasif
Le pouvoir de sanction du CDBF reste cependant limité par la législation actuelle. Le maximum prévu est une amende de 200 000 à 2 millions de FCFA, accompagnée d’une interdiction temporaire (5 à 10 ans) de gérer des fonds publics ou d’occuper une fonction dans l’administration.
Malgré les montants importants en jeu, ces sanctions sont souvent jugées insuffisantes pour décourager durablement la mauvaise gestion des ressources publiques.
J.S pour Afrik inform ☑️