Alors que les tensions atteignent un niveau critique à Goma, la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) a tenu un sommet extraordinaire virtuel, le 29 janvier 2025, afin d’examiner l’escalade de la situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC).
Si les dirigeants de la région ont insisté sur un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire sans entrave, l’absence remarquée du président congolais Félix Tshisekedi a soulevé de nombreuses interrogations.
Les chefs d’État de l’EAC, réunis sous la présidence du kényan William Ruto, ont unanimement exhorté le gouvernement congolais à engager des discussions directes avec l’ensemble des acteurs impliqués dans le conflit, y compris le groupe rebelle M23.
Une recommandation qui ne fait pas l’unanimité à Kinshasa, où le pouvoir qualifie cette rébellion de « groupe terroriste » soutenu par le Rwanda.« Nous appelons toutes les parties à déposer les armes, à observer un cessez-le-feu immédiat et à permettre aux populations civiles de recevoir l’aide humanitaire nécessaire », ont déclaré les dirigeants est-africains dans un communiqué final.
Mais alors que l’EAC tentait de jouer les arbitres, Félix Tshisekedi a brillé par son absence, préférant se rendre en Angola pour rencontrer son homologue Joao Lourenço. Officiellement, son agenda ne lui permettait pas d’assister au sommet, une justification qui laisse perplexe au vu de l’urgence de la situation sur le terrain.
Goma sous haute tension, les mercenaires dans le viseur
Sur le terrain, la situation est explosive. Les rebelles du M23, accusés par Kinshasa de bénéficier du soutien logistique et militaire du Rwanda, prétendent avoir pris le contrôle de la ville stratégique de Goma.
Pourtant, des témoignages contradictoires indiquent que les forces gouvernementales congolaises maintiendraient encore une présence militaire dans certaines zones. L’incertitude plane donc sur la maîtrise effective de la ville.
Dans un développement parallèle, la présence de mercenaires étrangers en RDC a également été mise en lumière. Près de 300 combattants européens, notamment roumains, ont été interceptés et sont en voie d’expulsion vers leurs pays d’origine via le Rwanda. Une situation qui illustre le chaos ambiant et la complexité du conflit en cours.
Une guerre des mots entre Kigali et Pretoria
En marge du sommet de l’EAC, une nouvelle ligne de fracture est apparue sur la scène diplomatique africaine. Le président rwandais Paul Kagame a ouvertement accusé l’Afrique du Sud de manipulation et de désinformation à propos de leurs récentes discussions sur le conflit congolais.
« Ce qui a été rapporté dans les médias par les responsables sud-africains, y compris le président Ramaphosa, est truffé de mensonges et d’attaques délibérées », a fustigé Kagame.
De son côté, Pretoria se dit préoccupée par le risque d’une guerre régionale si la crise n’est pas rapidement jugulée. Le ministre sud-africain des Affaires étrangères, Ronald Lamola, a plaidé pour un cadre de négociations incluant l’Union africaine, la SADC et l’EAC afin d’éviter un embrasement total.
Vers un sommet EAC-SADC pour une issue politique ?
Face à la complexité du dossier, les dirigeants de l’EAC ont proposé la tenue d’un sommet conjoint avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans les jours à venir. L’objectif : harmoniser les efforts diplomatiques et militaires pour aboutir à une sortie de crise durable.
Les présidents du Kenya, de la Tanzanie, du Burundi, de la Somalie, du Soudan du Sud, de l’Ouganda et du Rwanda ont tous réitéré leur engagement en faveur d’une solution pacifique.
Cependant sur le terrain, la réalité est tout autre : le fracas des armes continue de dicter sa loi, laissant les populations civiles en première ligne d’une tragédie dont l’issue reste incertaine.
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️