La nouvelle est tombée ce mardi 22 avril : Tidjane Thiam ne participera pas à la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Une décision lourde de conséquences à six mois du scrutin présidentiel.
Un verdict sans appel
Selon l’un de ses avocats, Me Ange Rodrigue Dadjé, le tribunal a statué que l’ancien ministre avait perdu sa nationalité ivoirienne en 1987, l’année où il avait obtenu la nationalité française. « La présidente du tribunal a rendu son délibéré. Elle a estimé que le président Thiam avait perdu la nationalité ivoirienne quand il a acquis la nationalité française, et donc elle a fait droit aux demandes des requérants et a ordonné la radiation du président Thiam de la liste électorale », a-t-il expliqué.
Cette décision, qui n’est susceptible d’aucun recours, signifie que Tidjane Thiam est désormais inéligible pour la présidentielle prévue dans six mois.
Une candidature controversée depuis le départ
Né en Côte d’Ivoire, l’ancien patron du Crédit Suisse avait obtenu la nationalité française il y a près de quatre décennies. Son équipe avait pourtant communiqué en mars dernier sur sa décision de renoncer à cette nationalité, dans le but de se conformer à la Constitution ivoirienne qui interdit les candidatures de binationaux.
Mais en dépit de cette démarche, ses adversaires politiques ont brandi l’article 48 du code de la nationalité, un texte remontant aux années 1960, selon lequel l’acquisition volontaire d’une autre nationalité entraîne automatiquement la perte de la nationalité ivoirienne. Cet article ne s’applique toutefois pas aux personnes binationaux dès la naissance.
Pour tenter de sauver sa candidature, les avocats de Tidjane Thiam ont présenté des pièces prouvant qu’il était également français de naissance par filiation paternelle. En vain.
Des accusations de manœuvres politiques
Dans son premier communiqué après l’annonce du jugement, Tidjane Thiam n’a pas mâché ses mots : « déni de justice indigne d’une démocratie », a-t-il dénoncé, en appelant la communauté internationale à soutenir « les électeurs ivoiriens dans leur quête d’élections libres et équitables. »
Depuis plusieurs semaines, ses proches accusent le pouvoir en place de tout mettre en œuvre pour l’écarter du processus électoral, à travers des moyens juridiques jugés arbitraires.
Un climat politique tendu à l’approche de la présidentielle
Le cas Thiam vient s’ajouter à une liste déjà longue d’opposants empêchés de concourir : l’ancien président Laurent Gbagbo, son ex-collaborateur Charles Blé Goudé, et Guillaume Soro, ancien Premier ministre et ex-chef rebelle aujourd’hui en exil, ont eux aussi été radiés des listes pour des raisons judiciaires.
Dans ce contexte chargé, la course à la présidence s’annonce plus verrouillée que jamais, avec une opposition décimée et un climat politique tendu. La radiation de Tidjane Thiam pourrait bien raviver les tensions et relancer les débats sur l’équité du processus électoral ivoirien.
Afrik inform ☑️