Les USA, autrefois leader mondial du journalisme, sont aujourd’hui en proie à une crise économique qui affecte gravement leur paysage médiatique. Selon un rapport alarmant de Reporters Sans Frontières (RSF), la situation des journalistes locaux s’est détériorée de manière drastique, entraînant une perte de 14 points dans l’indicateur économique du pays en seulement deux ans.
Ce recul affecte particulièrement les zones rurales et les régions périphériques, transformées en véritables déserts informationnels.
Une profession en difficulté
Dans des États comme l’Arizona, la Floride, le Nevada et la Pennsylvanie, où la presse locale joue un rôle crucial, les journalistes sont de plus en plus confrontés à des difficultés économiques. Selon les résultats du sondage de RSF, plus de 60 % des journalistes et experts des médias s’accordent à dire qu’il est désormais “difficile de gagner sa vie en tant que journaliste” dans ces régions.
Cette affirmation est corroborée par une étude qui révèle que 75 % des répondants considèrent que “la viabilité économique d’un média moyen est en difficulté”.Ces données témoignent d’un phénomène plus large : les rédactions locales, souvent indépendantes, n’ont ni les ressources nécessaires pour s’adapter aux nouvelles dynamiques économiques, ni la capacité de résister aux pressions externes.
Les petites structures médiatiques se retrouvent confrontées à une perte de revenus publicitaires, de subventions et de soutien local, exacerbant ainsi leur fragilité financière.
Une politique de contrôle de l’information
L’une des causes majeures de ce déclin économique dans le journalisme est l’instrumentalisation des finances publiques par le gouvernement américain. Durant son second mandat, Donald Trump a mis en place plusieurs politiques visant à réduire le financement des médias publics et à encadrer davantage la presse.
L’une des décisions les plus marquantes a été la cessation de financement pour certaines rédactions gérées par l’Agence des États-Unis pour les Médias Mondiaux (USAGM), telles que Voice of America et Radio Free Europe/Radio Liberty.
En conséquence, plus de 400 millions de personnes dans le monde se sont retrouvées privées d’un accès à une information fiable, ce qui a entraîné une réduction substantielle de la diversité des points de vue dans l’espace médiatique international. Cette stratégie d’affaiblissement des médias a un impact global, non seulement sur l’indépendance de la presse américaine, mais aussi sur la liberté de la presse mondiale.
Un contexte économique global hostile à la presse
Les répercussions économiques de ces choix politiques ne se limitent pas aux seules frontières des États-Unis. L’instabilité économique des médias locaux a été exacerbée par le gel des fonds d’aide internationale, en particulier via l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID).
Cette politique a plongé plusieurs médias dans des situations de crise financière critique, les obligeant parfois à fermer leurs portes. C’est notamment le cas en Ukraine, où la réduction des aides a contraint des dizaines de médias à réduire leur production ou à cesser totalement leurs activités.
L’avenir du journalisme local en péril
La crise du journalisme aux États-Unis n’est pas seulement une question de pertes économiques ; elle représente également une menace sérieuse pour la liberté de la presse et la démocratie. Les médias locaux, qui fournissent souvent une couverture plus proche des réalités des citoyens, sont essentiels pour maintenir un débat public ouvert et une société bien informée.
Leur disparition progressive met en danger cette fonction clé.Pourtant, en dépit de cette situation, les journalistes locaux continuent de se battre pour une information libre, espérant que la lumière sera un jour faite sur les coûts humains et sociaux d’une presse étouffée par des politiques économiques et géopolitiques. Mais à quel prix ?
Afrik inform ☑️
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