Si l’Afrique reste un continent où la liberté de la presse est fréquemment menacée par des régimes autoritaires, des conflits armés et des répressions violentes, certains pays connaissent des progrès notables dans la protection des journalistes et le renforcement de la liberté d’expression.
Le rapport 2025 de Reporters Sans Frontières (RSF) met en lumière ces évolutions positives, notamment en Tanzanie, un pays qui a récemment montré des signes encourageants en matière de liberté de la presse, après des années de répression.
La Tanzanie : un modèle d’amélioration
La Tanzanie est souvent citée comme un exemple dans les rapports de RSF concernant les progrès réalisés en matière de liberté de la presse en Afrique. Dans son rapport 2025, RSF souligne que le pays a fait d’importants efforts pour restaurer l’indépendance des médias et protéger les journalistes, après des années de répression sous le précédent gouvernement. « La réélection de Samia Suluhu Hassan en 2024 a marqué un tournant dans la politique de répression des médias», déclare le rapport.
En effet, l’assouplissement des lois draconiennes sur la presse et l’amélioration de l’accès à l’information ont permis à la Tanzanie de remonter dans le classement mondial de la liberté de la presse.Le rapport de RSF précise que « la Tanzanie a cessé d’emprisonner systématiquement les journalistes critiques et les a libérés de l’emprise du gouvernement, marquant ainsi un tournant dans l’histoire du journalisme tanzanien ». Cet assouplissement législatif, accompagné d’une politique plus ouverte de la part du gouvernement, a permis aux médias d’exprimer davantage leurs opinions et de couvrir des sujets auparavant tabous, comme la politique intérieure ou les questions relatives aux droits humains.
Une liberté retrouvée malgré des défis persistants
Cependant, le rapport de RSF nuance cette avancée en rappelant que des défis subsistent. La liberté de la presse, bien que significativement améliorée, reste fragile. « Bien que la situation se soit améliorée, les journalistes tanzaniens continuent de faire face à des menaces de répression à l’approche d’élections ou lorsqu’ils couvrent des sujets sensibles », indique RSF.
Le gouvernement actuel, bien que plus souple, garde encore une mainmise sur certains aspects de la presse, notamment à travers des lois qui peuvent être utilisées contre les journalistes critiques en cas de besoin. La vigilance reste de mise pour garantir que cette nouvelle liberté ne soit pas compromise.
Le rôle de la société civile et des organisations internationales
RSF souligne aussi l’importance du rôle joué par la société civile et les organisations de défense des droits de l’homme pour garantir que ces avancées restent solides.
La collaboration entre les médias tanzaniens et les ONG internationales a permis d’assurer une meilleure couverture des violations des droits humains, tout en préservant l’intégrité des journalistes.« l’accompagnement des journalistes locaux par des entités internationales spécialisées dans la défense de la liberté de la presse a été déterminant pour la progression de la situation en Tanzanie», indique RSF. Cette coopération internationale pourrait également servir de modèle pour d’autres pays africains en quête de progrès similaires.
Les autres pays en amélioration : le Sénégal, le Ghana, et l’Afrique du Sud
En dehors de la Tanzanie, d’autres pays africains connaissent des évolutions positives notables. Le rapport de RSF mentionne notamment le Sénégal, le Ghana et l’Afrique du Sud, où la presse reste libre et où les journalistes bénéficient d’une protection légale et d’un environnement favorable pour exercer leur métier. « Le Sénégal continue d’être un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest » , souligne RSF.
Le pays a maintenu une presse pluraliste et libre, permettant aux journalistes de couvrir une gamme de sujets politiques sans craindre de répression. Les élections présidentielles et législatives récentes se sont déroulées dans un climat de liberté d’expression, renforçant ainsi la stabilité démocratique et l’indépendance des médias.
De même, le Ghana, malgré quelques tensions politiques, maintient une presse vivante et une liberté d’expression qui reste parmi les meilleures du continent. L’Afrique du Sud, qui fait face à des défis socio-économiques, est toujours perçue comme un bastion de la liberté de la presse en Afrique subsaharienne, où les médias, bien que confrontés à des pressions économiques, continuent de jouer un rôle important dans la critique du gouvernement.
Des pistes pour les autres pays africains
Le rapport de RSF souligne que les progrès réalisés en Tanzanie et dans d’autres pays peuvent servir de référence pour d’autres nations africaines confrontées à des défis similaires. L’amélioration de la liberté de la presse en Afrique passe par une volonté politique claire de respecter les engagements démocratiques et de protéger les journalistes contre les pressions gouvernementales et les violences.
RSF appelle à une action plus concertée pour renforcer les mécanismes de protection des journalistes dans les pays africains en transition, tout en assurant une presse pluraliste et indépendante. « les gouvernements africains doivent tirer les leçons des pays où la liberté de la presse a progressé et travailler à garantir une presse libre et responsable à travers des réformes législatives et judiciaires», conclut le rapport.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️