Une page se tourne au Gabon, où le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a levé le voile sur une opération cruciale. Dès le 2 janvier 2025, et jusqu’à la fin du mois, le pays s’engagera dans une mise à jour méticuleuse des listes électorales.
Ce chantier ambitieux s’inscrit dans la préparation des élections générales à venir, présidentielles, législatives et locales marquant la sortie de la période transitoire amorcée après le coup d’État du 31 août 2023.
Cette révision des registres électoraux, véritable tour de chauffe démocratique, cible en priorité plusieurs catégories de citoyens. Les jeunes fraîchement majeurs, ces nouveaux visages de l’électorat, y trouveront une opportunité de s’inscrire. De même, les citoyens désireux de changer leur lieu de vote pourront ajuster leur choix.
Le processus vise aussi à élaguer les listes des personnes décédées et de celles ayant perdu leur droit de vote. Même les détenus en attente de jugement sont pris en compte pour s’assurer que personne ne soit laissé sur le carreau.
Au total, 158 commissions s’activeront sur le territoire national, tandis que 23 bureaux s’occuperont de cette tâche pour les Gabonais vivant au-delà des frontières.
Un débat politique en arrière-plan
Cette annonce intervient dans un climat où les discussions autour du fichier électoral sont sur toutes les lèvres. La veille, Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition, s’était entretenu avec Alain Claude Bilie By Nze, ancien Premier ministre sous Ali Bongo.
Ce dernier, prônant une refonte complète des registres électoraux, n’a pas mâché ses mots : « Repartir de zéro serait une garantie de transparence pour tous » cependant, tous ne voient pas cette idée d’un bon œil. « Reconstituer entièrement le fichier donnerait l’impression que les militaires veulent jouer à la carte blanche et façonner une liste à leur guise », avertit Ange Kevin Nzighou, leader du Parti Pour le Changement.
Une critique qui fait écho aux craintes d’une manipulation politique dans un contexte encore fragile.De son côté, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), écarté du pouvoir après le putsch, affiche une position conciliante. Soutenant cette opération qu’il qualifie de routine légale, le parti semble vouloir jouer la carte de l’apaisement.
Une étape charnière
Alors que le Gabon s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire politique, cette mise à jour électorale s’apparente à un miroir tendu à la nation.
Entre espoirs de transparence et craintes d’instrumentalisation, les semaines à venir seront décisives pour redessiner les contours de la participation citoyenne. Une chose est sûre : l’heure est venue de dépoussiérer les urnes pour laisser la démocratie s’exprimer pleinement.
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️