À l’occasion de son allocution du 31 décembre 2024, le président de la transition guinéenne, le général Mamadi Doumbouya, s’est exprimé solennellement devant la nation. « L’année 2025 sera décisive pour rétablir l’ordre constitutionnel », a-t-il déclaré d’un ton grave, marquant ainsi un jalon important après plus de trois années de transition.
À la télévision nationale, il a également annoncé la reprise des activités politiques, ainsi que la préparation des élections législatives, présidentielle et communales. Un référendum pour une nouvelle Constitution serait également en gestation, avec une date à préciser d’ici trois mois.
Une opposition sur ses gardes
Cependant, cette déclaration, aussi ambitieuse soit-elle, suscite des réactions contrastées. Souleymane Souza Konaté, chargé de communication de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad), reste dubitatif face à ces promesses qu’il juge redondantes. « Ce discours est une vieille rengaine », a-t-il affirmé, non sans une pointe d’ironie. Selon lui, les multiples reports du référendum constitutionnel en 2024, d’abord prévu en mars, puis repoussé à novembre, et finalement à décembre, témoignent d’un manque de sérieux. « On nous parle désormais du premier trimestre 2025, mais cela ne résout rien ! » tonne-t-il.
Confiance mais prudence
De son côté, Alpha Kabinet Kaba, coordinateur national du Front national de défense de la transition (FNDT), adopte un ton nettement plus optimiste. Pour lui, les propos du général Doumbouya reflètent une démarche réfléchie et une volonté sincère d’avancer. « On ne peut pas bâtir Rome en un jour », a-t-il lancé, confiant dans les efforts en cours, notamment le recensement général de la population, qu’il qualifie de pierre angulaire pour des élections crédibles.
Des promesses qui peinent à convaincre
Mais l’opposition n’en démord pas. Pour elle, ce qui est présenté comme un pas en avant n’est qu’un retour à la normale déguisé. « La reprise des activités politiques n’est pas une faveur, mais un droit fondamental », martèle Konaté, rappelant que l’interdiction des manifestations politiques était jugée « illégale » dès le départ.
Selon lui, ce revirement n’est qu’une tentative de calmer le jeu sans aborder le fond du problème. Le silence sur les engagements de 2021L’opposition insiste sur un point crucial : l’absence de calendrier précis pour les élections.
Plus encore, elle attend que Mamadi Doumbouya réitère son engagement de 2021, à savoir que ni lui ni aucun membre des organes de transition ne se porteront candidats aux prochains scrutins. « Ce silence est assourdissant », déplore Konaté, rappelant que cette promesse, pourtant répétée depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, semble s’étioler au fil des mois.
Un horizon incertain
Alors que la Guinée s’apprête à franchir un nouveau cap en 2025, le chemin reste parsemé d’embûches. Les annonces du général Doumbouya s’apparentent à une lueur d’espoir pour certains, mais pour d’autres, elles évoquent davantage un refrain déjà entendu.
Si la patience est une vertu, la nation guinéenne semble à bout de souffle, scrutant l’avenir avec un mélange de méfiance et d’espoir ténu.La question demeure : 2025 sera-t-elle réellement l’année de la refondation démocratique, ou une énième promesse qui s’évanouit dans les brumes de Conakry ?
Constantin GONNANG avec RFI pour Afrik Inform ☑️