Alors que le Cameroun entre dans une année électorale cruciale, les prises de position de certaines figures influentes de l’Église catholique font déjà grand bruit. Plusieurs évêques, à travers leurs homélies et déclarations, s’opposent clairement à l’idée d’une nouvelle candidature de Paul Biya, président en exercice depuis 1982.
Leurs messages, teintés de préoccupations sociales et politiques, risquent d’influencer fortement l’opinion publique dans un contexte marqué par une lassitude généralisée.
Mgr Samuel Kleda : Une candidature « non réaliste »
L’archevêque métropolitain de Douala, Mgr Samuel Kleda, a tenu des propos sans équivoque concernant une éventuelle candidature de Paul Biya. Selon lui, une telle démarche serait déconnectée de la réalité. « Cela n’est pas réaliste […] Nous sommes des êtres humains. À un moment donné, nous quittons ce monde, nous ne pouvons pas faire des miracles », a-t-il déclaré.

Ce message interpelle non seulement sur les limites biologiques du président, âgé de 91 ans, mais aussi sur la nécessité d’un renouvellement générationnel pour répondre aux aspirations des Camerounais.
Mgr Jean Mbarga : Une responsabilité historique pour les fidèles.
À Yaoundé, l’archevêque métropolitain, Mgr Jean Mbarga, a exhorté les fidèles à prendre conscience de leur responsabilité face à la nation. « C’est déjà l’année jubilaire, c’est bientôt l’année électorale, j’ai donc exhorté les fidèles à ce qu’ils prennent leur responsabilité historique en ce qui concerne la Nation. »

En mettant l’accent sur le devoir citoyen, Mgr Mbarga incite à une mobilisation active et consciente lors des échéances électorales à venir.
Mgr Yaouda Hourgo : « Le pire ne viendra pas »
De son côté, l’évêque de Yagoua, Mgr Yaouda Hourgo, a exprimé un sentiment d’exaspération face à la souffrance prolongée des Camerounais. « On ne va pas souffrir plus que ça encore. On a déjà souffert. Le pire ne viendra pas. Même le Diable qu’il prenne d’abord le pouvoir au Cameroun et on verra après », a-t-il martelé dans une vidéo abondamment relayée sur les réseaux sociaux.

Mgr Emmanuel Abbo : « Qui va-t-on gouverner après avoir broyé tous les Camerounais ? »
Dans une homélie poignante, l’évêque de Ngaoundéré, Emmanuel Abbo, a critiqué le système en place, accusant les dirigeants d’étouffer les voix dissidentes et d’aggraver les souffrances du peuple. « Qu’est-ce que les Camerounais n’ont pas encore enduré ? Comment est-il possible que le mal-être des Camerounais ne pousse pas les responsables de ce pays à mettre fin aux trop nombreuses souffrances ? », s’est-il interrogé.

En dénonçant un État perçu comme oppressif, il soulève une question qui pour lui semble fondamentale « quel avenir pour un pays où l’expression populaire est muselée ? »
Ces prises de position claires et parfois audacieuses des évêques risquent de jouer un rôle déterminant dans la dynamique électorale de 2025. L’Église catholique, institution respectée et influente au Cameroun, pourrait devenir un vecteur d’éveil politique, encourageant les citoyens à s’engager davantage pour le changement.
En critiquant ouvertement le statu quo, ces leaders religieux amplifient un sentiment de frustration largement répandu, ce qui pourrait ouvrir un bien grand débat sur la candidature de Paul Biya en ce 2025. Pour l’heure, plusieurs personnes ont déjà anticipés sur son discours de fin d’année à la nation : « ma détermination à vous servir reste intacte » avait affirmé le président de la République.
Cependant, leurs discours, bien qu’applaudis par certains, pourraient également polariser les opinions, suscitant des débats sur le rôle de l’Église dans les affaires politiques. Quoi qu’il en soit, ces déclarations reflètent un tournant majeur dans l’histoire politique du Cameroun et annoncent une campagne électorale bien animée.
afrik Inform ( la rédaction ) .