Le Nigeria est plongé dans un deuil profond après la mort tragique d’au moins 32 personnes lors de deux bousculades survenues le samedi 20 décembre. Ce drame illustre la dureté de la situation vécue par les Nigérians, contraints de lutter pour leur survie dans un contexte marqué par une inflation galopante.
À Okija, une ville de l’État d’Anambra, au sud du pays, les autorités locales ont confirmé que 22 personnes avaient perdu la vie dans une bousculade mortelle lors d’une distribution de nourriture. La scène, chaotique et terrifiante, a vu des centaines de personnes se battre pour des denrées alimentaires, sans que des mesures de sécurité efficaces ne soient mises en place.
Le porte-parole de la police de l’État d’Anambra, Tochukwu Ikenga, a exprimé ses condoléances aux familles endeuillées, tout en annonçant l’ouverture d’une enquête pour déterminer les causes exactes de cet incident. Le même jour, à Abuja, la capitale fédérale, une autre bousculade a coûté la vie à 10 personnes et blessé huit autres.
L’incident s’est produit près d’une église catholique de Maitama, où une distribution de nourriture était organisée pour les personnes âgées et vulnérables. Les forces de l’ordre ont déploré la situation, soulignant que la violence de la foule n’avait pas pu être maîtrisée malgré la précaution de la distribution.
Cette tragédie n’est malheureusement pas un cas isolé, le pays a été frappé récemment par plusieurs bousculades mortelles liées à des distributions de biens de première nécessité.
Le mois dernier, un événement similaire avait déjà coûté la vie à plusieurs personnes dans l’État de Nasarawa, lorsque des étudiants s’étaient précipités pour obtenir une aide alimentaire. Le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA), Manzo Ezekiel, a exprimé son inquiétude face à la fréquence de ces drames, dénonçant l’absence de mesures de sécurité adaptées lors de ces distributions.
Ces incidents tragiques se produisent dans un contexte économique extrêmement difficile. L’inflation a atteint 34,6 % en novembre 2024, un chiffre record qui aggrave la situation des ménages déjà fragilisés par la hausse des prix des produits alimentaires. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Bola Tinubu en mai 2023, des réformes économiques ont été mises en place, notamment la suppression des subventions sur les carburants et la dérégulation du marché des devises.
Mais ces réformes ont provoqué une flambée des prix, forçant de nombreux Nigérians à faire la queue pendant des heures pour des distributions alimentaires, une situation devenue de plus en plus explosive. Face à ces drames, le président Tinubu a annulé tous ses engagements officiels à Lagos, y compris sa participation à un événement majeur, pour marquer le respect dû aux victimes.
Le président a également exprimé son vœu de renforcer les mesures de sécurité pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise. Le malheur semble se multiplier : il y a quelques jours, à Ibadan, dans le sud-ouest du pays, un tragique accident lors d’une fête foraine a fait au moins 35 victimes parmi les enfants. Ce nouvel épisode dramatique a une fois de plus secoué l’opinion publique et mis en lumière les graves lacunes dans la gestion des foules lors d’événements publics.
Ces drames successifs révèlent un problème profond : la gestion de la crise sociale et économique du pays, exacerbée par une inflation galopante et des pénuries alimentaires, a atteint un point de rupture.
Les Nigérians, qui luttent pour leur survie, se retrouvent souvent dans des situations de danger mortel pour obtenir des ressources de base. Le gouvernement, sous pression, devra rapidement mettre en place des mesures de sécurité plus strictes et des stratégies plus efficaces pour prévenir de telles tragédies.
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️