Annoncé comme un grand mouvement politique, le meeting de Maurice Kamto à Paris a suscité mobilisation, promesses et critiques. Tandis que l’opposant tend la main à la diaspora et évoque la protection de Paul Biya, Grégoire Owona dénonce une “mascarade minable”.
Samedi 31 mai, sous un ciel capricieux, la capitale française s’est transformée l’espace de quelques heures en tribune politique camerounaise. C’est ici, au cœur du XIe arrondissement, que Maurice Kamto a choisi de tenir ce que ses partisans appelaient déjà “le grand meeting de la diaspora”.
Sur l’esplanade, une foule bigarrée, des drapeaux tricolores et des banderoles aux slogans offensifs : “Cameroun libre, élections crédibles”, “Diaspora en marche”. L’ambiance est militante, festive, presque insurrectionnelle. De l’estrade improvisée, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), désormais engagé dans l’Alliance politique pour le changement (APC), décline une série de promesses.
Réforme de l’État, justice sociale, restauration de la souveraineté populaire… mais aussi, sujet hautement sensible, reconnaissance de la double nationalité.« Nous réconcilierons le Cameroun avec ses enfants d’ailleurs », a lancé Maurice Kamto, sous les applaudissements.
Plus inattendu encore : son engagement à garantir la sécurité de Paul Biya et de sa famille en cas d’alternance. Une sortie qui, dans les heures suivantes, allait enflammer l’autre camp.
Le feu roulant de Grégoire Owona
Le ministre du Travail et haut responsable du RDPC n’a pas tardé à réagir. Dans une publication sur sa page Facebook, Grégoire Owona dépeint la mobilisation parisienne comme une “déception magistrale”.
Selon lui, le rassemblement promis comme “mondial” n’a pas réuni plus de cinq mille personnes. « Même pas cinq mille », précise-t-il, évoquant avec ironie l’affluence dans les bars parisiens, attirés davantage par la finale de la Ligue des champions que par le discours d’un opposant.
Il poursuit, amer : « La prestigieuse Place de la République n’a pas vu les dizaines de millions de Camerounais annoncés». Pour lui, le contraste entre l’effort médiatique et la réalité du terrain est révélateur. Au fond de sa charge, c’est la crédibilité même du projet porté par Maurice Kamto qui est visée.
Grégoire Owona s’attaque aux annonces, jugeant l’offre politique floue, et la proposition de “pluri-nationalité” sans ancrage : « Véritable promesse électorale que celle de la pluri-nationalité aux citoyens qui attendent tout simplement la binationalité».
Quant à la protection promise à la famille présidentielle, il interroge : « De quelle protection ont-ils besoin ? Sont-ils ou seront-ils en danger ? »
Artistes et figures politiques sur le podium
Autour de Kamto, des visages familiers. Jean Michel Nintcheu, Abba Oyono, le rappeur engagé Valsero, le musicien Richard Bona, autant de soutiens venus exprimer leur foi en Maurice.
La scène s’est transformée par moments en forum, par moments en concert. De l’avis de plusieurs témoins, le meeting a eu des allures de rassemblement hybride : à mi-chemin entre plateforme politique et moment de communion diasporique.
Pour les organisateurs, l’objectif était clair : faire entendre la voix de la diaspora dans le débat présidentiel. Pour les partisans du pouvoir, c’était une opération d’image sans retombée tangible.
Une campagne qui dépasse les frontières
Alors que le Cameroun se rapproche de l’échéance électorale d’octobre 2025, la bataille des perceptions est déjà engagée. Le meeting de Paris, au-delà de la foule ou des slogans, marque une nouvelle étape dans la confrontation entre pouvoir et opposition — une bataille qui, désormais, ne se livre plus seulement à Yaoundé ou Douala, mais aussi à Paris, Bruxelles ou Montréal.
Grégoire Owona, lui, en reste convaincu : « Le Cameroun n’est pas en danger ! Le Cameroun est debout et en marche pour un mieux-être ! » Une déclaration qui sonne comme une ligne de défense face aux appels à rupture.
Afrik inform ☑️