Alors qu’aucun Noir n’a encore accédé au trône pontifical, l’histoire révèle que l’Afrique a déjà donné trois papes à l’Église catholique. Une mémoire souvent effacée, à l’heure où la question de la diversité dans les plus hautes sphères religieuses revient sur le devant de la scène. L’Afrique, serait t’elle le berceau oublié de la papauté ?
Des papes africains sous l’Empire romain
Bien avant que le christianisme ne prenne racine en Europe, l’Afrique du Nord faisait déjà partie intégrante de la première Église. C’est dans cette région, aujourd’hui majoritairement musulmane, que sont nés trois papes canonisés. Tous étaient originaires des provinces romaines situées sur le territoire actuel de la Tunisie, de la Libye ou de l’Algérie.
Le premier d’entre eux, saint Victor Ier, est élu en l’an 189. Il aurait été originaire de Leptis Magna, en Libye actuelle. Sous son pontificat, il cherche à unifier la date de célébration de Pâques et renforce la position romaine dans l’Église primitive. Il est également l’un des premiers papes à écrire en latin, marquant une rupture linguistique avec ses prédécesseurs grecs.
Saint Miltiade, pape de 311 à 314, lui succède un siècle plus tard. C’est sous son règne que l’empereur Constantin met fin aux persécutions des chrétiens, en signant l’édit de Milan en 313. Miltiade devient ainsi le premier pape d’une Église désormais libre.Saint Gélase Ier, pape de 492 à 496, est le dernier Africain connu à avoir occupé le siège de Pierre.
Il est célèbre pour sa lettre au basileus Anastase, dans laquelle il affirme avec force la primauté spirituelle du pape sur le pouvoir temporel de l’empereur. Une pensée fondatrice dans l’histoire du rapport Église–État.
Une mémoire effacée, des visages espérés
Si ces figures historiques sont africaines de naissance, elles n’étaient pas « Noires » selon les classifications raciales modernes. Elles étaient souvent d’ascendance berbère ou romaine, à une époque où les peuples étaient mélangés dans les provinces impériales.
Depuis ces siècles reculés, aucun Africain noir n’a été élu pape. Pourtant, le continent africain compte aujourd’hui plus de 265 millions de catholiques, et plusieurs cardinaux y jouent un rôle influent dans la Curie romaine.
Le cardinal guinéen Robert Sarah, ancien préfet de la Congrégation pour le Culte divin, le Ghanéen Peter Turkson, ou encore le Centrafricain Dieudonné Nzapalainga sont parfois cités parmi les papabili, ces hommes que les observateurs imaginent un jour vêtus de blanc.
L’Afrique au cœur de la vitalité catholique
Dans un monde où l’Église se vide en Europe mais se renforce dans le Sud global, l’Afrique représente un avenir pour le catholicisme. Les vocations y sont nombreuses, les paroisses en expansion, et les jeunes y forment l’ossature d’un clergé en croissance.
Un pape africain ne serait donc pas une anomalie historique, mais un retour aux sources, une reconnaissance de l’universalité revendiquée par l’Église depuis deux mille ans.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️