Les tensions montent en République démocratique du Congo alors que les services de sécurité ont mené, ces derniers jours, une série de descentes dans plusieurs biens appartenant à l’ancien président Joseph Kabila. Cette opération intervient dans un contexte particulièrement tendu, marqué par le retour annoncé de l’ex-chef de l’État dans la partie orientale du pays.
D’après Adam Shemisi, porte-parole de Marie-Olive Lembe Kabila, épouse de l’ancien président, les perquisitions ont concerné notamment la ferme de Kingakati, située à environ 80 kilomètres de Kinshasa, ainsi qu’un autre complexe familial dans la capitale congolaise. Les forces de sécurité auraient informé à l’avance le responsable du domaine de Kingakati de leur intervention.
Selon les enquêteurs, les fouilles visaient à retrouver du matériel militaire « volé ou caché », mais rien n’a été découvert, comme l’a rapporté Adam Shemisi. Ces descentes font suite aux récentes déclarations de l’actuel président, Félix Tshisekedi, qui accuse Joseph Kabila de vouloir fomenter « une insurrection » en soutenant une alliance incluant le mouvement rebelle M23, en guerre contre les forces régulières dans l’est du pays.
Le M23, qui a récemment renforcé sa présence dans la région en prenant les villes stratégiques de Goma et Bukavu, est soupçonné d’être appuyé par le Rwanda, ce que Kigali continue de nier. Âgé de 53 ans, Joseph Kabila avait quitté le territoire congolais avant la dernière présidentielle de 2023. Président de la République durant 18 ans, il s’était retiré en 2019 à la suite de manifestations populaires.
Mais dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, Kabila a déclaré qu’il était « temps pour lui de rentrer au Congo », estimant que le pays est « en péril ». Une déclaration qui a suscité de vives réactions et renforcé les soupçons d’un retour politique de l’ancien président, alors qu’aucune date précise n’a encore été communiquée sur ce retour annoncé.
Il n’est pas non plus établi s’il empruntera un itinéraire traversant des zones contrôlées par le M23.Ces événements confirment l’atmosphère électrique qui entoure la scène politique congolaise à l’approche d’échéances sensibles, avec un ancien président qui veut reprendre place dans le débat national, et un pouvoir en place qui voit dans ce retour une menace potentielle à la stabilité du pays.
Constantin GONNANG, Afrik inform