L’émissaire spécial des États-Unis pour l’Afrique, Massad Boulos, a exprimé ce jeudi 17 avril un changement clair de posture de la diplomatie américaine face au conflit persistant dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Pour la première fois, Washington appelle ouvertement Kigali à « cesser tout soutien militaire au M23 » et à « retirer toutes ses troupes du territoire de la RD Congo », lors d’un point de presse tenu après ses entrevues avec les chefs d’État congolais et rwandais.
Un revirement diplomatique américain
Jusqu’ici, les États-Unis avaient évité de prendre position de manière aussi explicite. Lors de son passage à Kigali le 8 avril, Massad Boulos avait éludé les questions sur l’implication du Rwanda dans les affrontements. « Nous ne sommes pas impliqués dans ces détails concernant le M23 », avait-il alors répondu.
Ce virage intervient après une offensive fulgurante lancée en décembre 2024 par les rebelles du M23, soutenus par Kigali selon des experts de l’ONU. Le mouvement a rapidement pris le contrôle de Goma et Bukavu, capitales respectives du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
L’est de la RDC, frontalier du Rwanda et riche en minerais, est déchiré par des violences armées depuis plus de trente ans. Selon l’ONU, les affrontements ont causé des milliers de morts et entraîné le déplacement de centaines de milliers de civils.Massad Boulos a souligné : « La position des États-Unis est que le M23 dépose les armes ». Il a également déclaré que les États-Unis utiliseraient « tous les leviers économiques et diplomatiques disponibles pour favoriser la paix », bien que sans préciser les mécanismes envisagés.
Des enjeux régionaux complexes
Officiellement, Kigali nie la présence de ses troupes en territoire congolais. Mais les Nations unies estiment à environ 4 000 le nombre de soldats rwandais présents aux côtés du M23. Kigali justifie néanmoins son attitude par la menace persistante des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), issues d’ex-miliciens hutu impliqués dans le génocide de 1994.
Massad Boulos a reconnu avoir évoqué cette question sensible avec le président Paul Kagame, qualifiant les FDLR « d’élément clé dans les préoccupations sécuritaires du Rwanda ».
Une diplomatie en quête de solutions durables
Alors que la médiation angolaise s’est révélée infructueuse, le Qatar a réussi un coup diplomatique le mois dernier en réunissant les présidents Tshisekedi et Kagame à Doha autour d’une proposition de cessez-le-feu. Mais dès le lendemain, les rebelles du M23 ont capturé Walikale, une zone stratégique riche en ressources minières.
Face à l’enlisement du conflit, l’Union africaine a désigné en avril le président togolais Faure Gnassingbé comme nouveau médiateur. Une nomination tardive, qui n’a pas empêché les critiques sur le silence de l’organisation panafricaine quant à l’implication du Rwanda.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️