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Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont officialisé leur retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), marquant une nouvelle étape dans leur rupture avec les institutions internationales influencées par l’Occident.
Cette décision intervient après leur départ fracassant de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2024, confirmant une dynamique de désengagement progressif.
Une stratégie de rupture assumée
Les juntes militaires au pouvoir dans ces trois pays justifient leur retrait de l’OIF par un rejet de l’ingérence étrangère et une volonté de restaurer leur souveraineté.
Pour elles, l’organisation, censée promouvoir la coopération et la solidarité entre États francophones, est perçue comme un outil d’influence politique au service de la France et de ses alliés.
Depuis les coups d’État successifs dans ces pays, les relations avec Paris et les institutions internationales proches de la sphère francophone se sont considérablement dégradées.
Les sanctions de la CEDEAO et les restrictions imposées par l’Union européenne ont renforcé la posture de défiance des régimes militaires.
Le départ de l’OIF s’inscrit donc dans une suite logique, visant à marquer une rupture totale avec les structures perçues comme hostiles à leur projet politique.
De la CEDEAO à l’OIF : un même rejet de l’ordre établi
Le retrait de la CEDEAO, annoncé en janvier 2024, avait déjà illustré cette volonté d’émancipation. Les trois États avaient dénoncé une organisation jugée « instrumentalisée par des puissances étrangères » et inapte à répondre aux aspirations de leurs populations.
Ce départ avait entraîné une recomposition des alliances régionales, avec la mise en place de l’Alliance des États du Sahel (AES) comme alternative à la CEDEAO.
En quittant l’OIF, Bamako, Ouagadougou et Niamey poursuivent cette logique en se détachant d’une organisation qui, bien que culturelle et linguistique, conserve une dimension politique marquée.
Leur absence à la Conférence ministérielle de l’OIF en octobre 2023 à Yaoundé était déjà un signal fort. L’annonce de leur retrait vient officialiser une prise de distance amorcée depuis plusieurs mois.
Un isolement ou un repositionnement stratégique ?
Si ce retrait marque une rupture avec l’espace institutionnel francophone, il pose aussi la question des alternatives. L’OIF était notamment un vecteur de coopération éducative et culturelle, avec des programmes d’appui au développement.
En se désengageant, ces États prennent le risque de se priver d’un certain nombre d’opportunités.Toutefois, ils semblent vouloir redéfinir leurs alliances sur d’autres bases. L’orientation vers de nouveaux partenaires, notamment la Russie, la Chine, ou encore la Turquie, laisse entrevoir une stratégie de diversification des coopérations.
L’Alliance des États du Sahel, en construction, pourrait aussi servir de cadre à des initiatives locales visant à compenser cette rupture avec les institutions traditionnelles.Alors que l’avenir de ces États sur la scène diplomatique reste incertain, une chose est claire : la séquence actuelle marque un tournant décisif dans leur positionnement international.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️