En fin d’année dernière, Benjamin Zebaze, journaliste et écrivain camerounais, annonçait entrer dans sa cinquième année de lutte contre un cancer de la prostate de stade 4. Dans un texte poignant, il revient sur son parcours, ses douleurs, ses erreurs, mais aussi sur les leçons qu’il souhaite partager avec ses lecteurs.
Pour lui, parler de sa maladie n’est pas un acte d’exposition, mais une volonté de sensibiliser. « Tout homme de plus de 50 ans qui ne consulte pas un urologue prend un sérieux risque », affirme-t-il. Ce témoignage, à la fois personnel et universel, a suscité des réactions diverses : des encouragements, des critiques et surtout des demandes d’information sur cette pathologie qui fait des ravages au sein des familles camerounaises.
Une maladie, des signes annonciateurs
Benjamin Zebaze insiste sur l’importance d’une détection précoce. « Les premiers signes peuvent sembler anodins », prévient-il, citant des symptômes tels que des difficultés à uriner, un faible jet d’urine, des douleurs osseuses ou encore du sang dans les urines.
Malheureusement, il admet avoir ignoré les alertes pendant près de 15 ans avant son diagnostic en 2020, un retard qui a conduit à un stade avancé de la maladie. Il met également en garde contre les facteurs de risque comme l’hérédité, l’obésité et, de manière surprenante, la consommation excessive de sucre.
Son expérience personnelle illustre l’impact potentiel de ces éléments, notamment au sein de sa propre famille où plusieurs décès liés au cancer de la prostate ont été enregistrés.
Se soigner au Cameroun : une réalité complexe
Zebaze dresse un état des lieux critique mais constructif du système de santé camerounais. S’il reconnaît l’expertise de certains urologues comme le Dr Cyrille Kamadjou, il dénonce le manque de coordination entre professionnels, les lacunes techniques et le coût exorbitant des traitements. « Déboucher un urètre peut coûter plus de 1 500 000 FCFA, sans compter les frais de radiothérapie », déplore-t-il.
Il plaide pour la création de centres de cancérologie performants dans chaque région et appelle à une meilleure organisation des professionnels de santé. « L’égoïsme et l’amateurisme doivent cesser », martèle-t-il.
L’expérience indienne : une solution accessible
Face aux limites locales, Benjamin Zebaze s’est tourné vers l’Inde, une destination de plus en plus prisée pour les soins médicaux. Il décrit un système efficace, avec des prix abordables et des infrastructures à la pointe de la technologie. « Vous arrivez un dimanche, le lundi les examens sont faits, et le mardi, les résultats sont disponibles », témoigne-t-il.
Cependant, il met en garde : « Beaucoup de Camerounais arrivent en Inde dans des situations désespérées. Les médecins indiens ne sont pas des magiciens. »
La barrière linguistique et la prolifération de cliniques privées peu fiables sont également des défis à anticiper.
Une bataille à mener ensemble
Au-delà de son propre combat, le journaliste appelle à une prise de conscience collective. Il insiste sur l’importance des consultations régulières après 50 ans et sur le rôle des dirigeants dans l’amélioration du système de santé. « Un centre de diagnostic médical performant dans chaque capitale régionale devrait être une priorité nationale », défend-il.
Son témoignage, bien qu’ancré dans une réalité difficile, se veut porteur d’espoir. Il rappelle que même un cancer de stade 4 peut être géré grâce aux avancées médicales et à une prise en charge adaptée.
À travers ce partage, Benjamin Zebaze ne cherche pas seulement à informer, mais aussi à inciter chacun à prendre sa santé en main. Une démarche courageuse et salutaire, au service d’un combat qui dépasse sa personne.
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️